Les poissons du bassin du Congo : diversité, distribution, abondance et interaction avec les mammifères

Le projet s’inscrit dans le cadre de l’Observatoire de la biodiversité (OB) et fait partie du plan de science et de renforcement des capacités du CBSI. L’OB soutiendra des étudiants en doctorat et en maîtrise à l’Université Catholique du Congo et à l’Université de Lubumbashi en RDC, ainsi qu’à l’Université de Stirling au Royaume-Uni. Les travaux du projet seront étroitement liés à ceux d’autres observatoires et partenaires. En RDC, des acteurs comme le Centre de Surveillance de la Biodiversité participeront à la collecte des données sur le terrain. Au Gabon, le CENAREST et le partenaire industriel Okala contribueront aux activités de terrain dans le bassin du Congo. Bien que réparti entre trois pays (Gabon, RDC et Royaume-Uni), l’OB encouragera une collaboration étroite entre les institutions impliquées, tout en établissant des partenariats élargis avec d’autres institutions dans la région.

Le bassin du Congo est l’une des régions les plus riches en biodiversité de poissons en Afrique, abritant environ 1 300 espèces, dont 70 % sont endémiques. Ce bassin se classe deuxième mondialement, après celui de l’Amazonie. Malheureusement, il demeure le moins étudié en Afrique : de vastes zones restent scientifiquement inexplorées. Même dans les régions mieux documentées, de nombreuses espèces restent à découvrir, comme en témoignent les récentes descriptions de nouvelles espèces ichtyologiques. Ce manque de connaissances constitue un obstacle majeur à une gestion durable de la biodiversité des poissons, à un moment où leur déclin est largement reconnu et où les causes en sont bien identifiées. Bien que des facteurs naturels puissent intervenir, les menaces sont principalement d’origine anthropique, notamment la modification des habitats et des écosystèmes. Ces menaces affectent non seulement la biodiversité, mais aussi les communautés humaines qui dépendent des poissons pour leurs revenus et comme source essentielle de protéines.

Ce programme de doctorat vise à analyser l’impact des principaux facteurs de modification de l’habitat (exploitation minière, urbanisation, agriculture, construction de barrages, exploitation forestière, etc.) sur différentes espèces de poissons du bassin du Congo.

L’étudiant rassemblera les données existantes sur la diversité, la distribution et l’abondance des poissons dans l’ensemble du bassin du Congo, complétées par de nouvelles expéditions sur le terrain. Ces travaux fourniront une vue d’ensemble inédite à l’échelle du bassin concernant la diversité, la distribution, l’abondance des poissons et leurs tendances au fil du temps.

Les informations existantes seront compilées à partir d’une revue de la littérature, de bases de données en ligne comme FishBase et GBIF, ainsi que de collections issues de musées d’histoire naturelle (par exemple, MRAC, MNHN, AMNH, BMNH, etc.). La validité des noms d’espèces sera vérifiée à l’aide du Catalogue of Fishes d’Eschmeyer.

Les nouvelles collectes de données seront menées selon deux approches : (i) Des pêches expérimentales utilisant diverses techniques. (ii) L’analyse d’ADN environnemental à partir de la deuxième année.

Ces collectes s’effectueront le long d’un gradient allant des zones les plus préservées aux zones les plus dégradées. Cette stratification s’appuiera sur des données publiées (revue de littérature) incluant l’utilisation des terres, la densité de population, les infrastructures, ainsi que des variables géographiques, topographiques et climatiques. Ces éléments permettront de modéliser les réponses des communautés et des espèces aux facteurs de modification de l’habitat, qu’ils soient anthropiques ou climatiques.

Les données sur les activités humaines intégreront des métriques socio-économiques des zones étudiées afin de mieux comprendre leur influence sur la biodiversité. Les informations climatiques, passées et prédictives, seront obtenues grâce à une collaboration avec l’observatoire climatique du CBSI, également financé par CRAFT.

Sur le terrain, l’étudiant évaluera l’état actuel des habitats en mesurant divers paramètres physico-chimiques et environnementaux, et mènera des entretiens avec les communautés locales si nécessaire.

Les tendances de la diversité, de la distribution et de l’abondance des poissons seront analysées au fil du temps. Enfin, deux ensembles de données seront combinés : (i) La diversité, l’abondance et la distribution des poissons et (ii) La diversité des mammifères forestiers, dont les données seront issues des résultats d’un autre projet de doctorat mené conjointement sur les mammifères dans les mêmes zones d’étude.

Cette approche visera à évaluer les interactions potentielles entre la biodiversité ichtyologique et mammalienne, afin de déterminer si la préservation des stocks de poissons nécessite le maintien de la diversité des mammifères forestiers. Ces conclusions pourraient renforcer les arguments en faveur de la conservation des forêts dans la région.

L’étudiant travaillera en collaboration avec des institutions renommées telles que : Le Musée royal d’Afrique centrale (MRAC) et la KU Leuven (Belgique), Le South African Institute for Aquatic Biodiversity (SAIAB) (Afrique du Sud). Dans le cadre du projet CRAFT, l’Université de Lubumbashi collabore également avec la School of Management de l’Université Catholique du Congo, et l’Université de Stirling (Royaume-Uni).