Le Bassin du Congo et ses forêts contiguës constituent le deuxième plus grand réseau de forêts tropicales et de rivières de la planète.
Le fleuve Congo et ses affluents drainent 3,68 millions de kilomètres carrés, dont une grande partie en République démocratique du Congo et en République du Congo, ainsi que des parties au Cameroun, en République centrafricaine, au Rwanda, au Burundi, en Tanzanie, en Zambie et à l’Angola.
Les forêts contiguës du bassin du Congo couvrent 2,4 millions de kilomètres carréset s’étendent du Gabon, du Cameroun, de la Guinée équatoriale et du sud-est du Nigeria à l’ouest, à la République démocratique du Congo, à la République du Congo et à la République centrafricaine au centre du bassin, ainsi qu’à certaines parties du Sud-Soudan, du Rwanda, du Burundi, de l’Ouganda et de la Tanzanie à l’est.
Le climat du bassin du Congo est chaud et humide. Les forêts rafraîchissent le climat et les températures sont donc plus basses qu’au nord ou au sud, bien que le pays soit situé sur l’équateur. Il y a deux grandes saisons des pluies, de mars à mai et de septembre à novembre. Les précipitations sont dominées par la convection profonde – les orages – et le bassin du Congo a la fréquence d’éclairs la plus élevée de la planète. Les précipitations totales sont généralement supérieures à 1,5 mètre par an, avec des précipitations plus importantes près de la côte atlantique. La base du mont Cameroun est l’un des endroits les plus humides de la planète, avec plus de 10 mètres de pluie par an.
Bien qu’il soit dominé par des forêts tropicales à canopée fermée, d’autres écosystèmes importants sont présents, notamment le plus grand complexe de tourbières forestières tropicales au monde, des forêts ouvertes et des savanes. Les habitats fluviaux et lacustres sont également importants dans toute la région. À l’est, les montagnes du Rwenzori s’élèvent avec des forêts de montagne, de bambous et même à dominance de bruyères gigantesques, ainsi qu’une zone afro-alpine. À l’ouest, on trouve des estuaires côtiers et des mangroves, y compris des mangroves de 63 mètres de haut, les plus hautes du monde, au Gabon.
Les écosystèmes du bassin du Congo soutiennent directement les moyens de subsistance d’environ 80 millions d’habitants, y compris les bénéfices tirés de l’agriculture, de l’exploitation forestière sélective, de la collecte de produits forestiers non ligneux et de nombreuses autres activités. Les grands pôles urbains de la région sont notamment Kinshasa et Kisangani (RDC), Douala et Yaoundé (Cameroun), et Libreville et Port-Gentil (Gabon), avec des villes et des villages plus petits répartis sur la région. Il y a environ 900 000 autochtones (chasseurs-cueilleurs d’Afrique centrale), des Bamenga à l’ouest, des BaYaka plus au centre, et des Mbuti et des Twa à l’est du bassin.
Le nombre total d’espèces végétales et animales dans les écosystèmes du bassin du Congo, un aspect de sa biodiversité, n’est pas connu. Les habitats du bassin du Congo sont des centres mondiaux de diversité des arbres et des mammifères, mais de nombreux groupes, en particulier les insectes – qui représentent la plupart des espèces sur Terre – n’ont pas fait l’objet d’études. Cependant, nous estimons que le bassin du Congo héberge près d’un million d’espèces, en nous basant sur trois hypothèses : il y a 8,7 millions d’espèces sur Terre ; les forêts tropicales abritent plus de la moitié des espèces du monde ; environ un quart de la forêt tropicale du monde se trouve dans le bassin du Congo.
Les forêts du bassin du Congo offrent de nombreux services à des populations situées bien au-delà des forêts. De plus en plus d’études montrent que ces forêts alimentent les précipitations qui tombent jusqu’au Sahel et dans les hauts plateaux éthiopiens, apportant un soutien à encore 300 millions d’Africains dans les communautés rurales. Au niveau mondial, le bassin du Congo contribue à la régulation du système climatique et les forêts tropicales africaines absorbent 1,5 milliard de tonnes de dioxyde de carbone par an, soit 4 % de l’ensemble des émissions mondiales de combustibles fossiles. Ils constituent également l’écosystème de capture du carbone le plus efficace au monde.
Vu du ciel ou sur une carte, le bassin du Congo ressemble à un bloc homogène, mais ce n’est pas le cas. Les types d’arbres que l’on trouve dans la forêt varient en fonction du climat. Les forêts de l’ouest du Gabon connaissent une saison sèche fraîche et nuageuse. Elles diffèrent des forêts plus chaudes du nord du bassin et des forêts qui connaissent un climat moins saisonnier au centre du bassin. La région du bassin du Congo se distingue de la région amazonienne, où les différences de sols déterminent principalement les types de forêts.
La déforestation de la forêt primaire est importante en République démocratique du Congo, qui a le taux de déforestation le plus élevé au monde après le Brésil. Chaque année, la RDC perd environ 500 000 hectares (un hectare mesure 100 m x 100 m). En cause : l’augmentation du nombre de personnes ayant besoin de terres pour se nourrir et produire du charbon de bois, la principale source d’énergie en RDC. La déforestation est très faible au Gabon et en République du Congo, tous deux classés parmi les pays à forte densité forestière et à faible déforestation.
L’avenir du bassin du Congo reste très incertain. Le climat se réchauffera, la population va s’accroître et se déplacer vers les centres urbains, mais rien d’autre n’est clair. En raison du manque de données des stations météorologiques et autres, il n’y a pas d’unanimité lorsqu’il s’agit des modèles climatiques, plus particulièrement la question de savoir si le climat deviendra plus humide ou si les saisons sèches s’intensifieront. De nouvelles études inquiétantes indiquent que la hausse des températures entraîne une diminution des fruits de la forêt, ce qui provoque la famine chez les éléphants, et un point de bascule récemment identifié dans les tourbières du centre du Congo, qui pourrait libérer des milliards de tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, accélérant ainsi le changement climatique.
Qu’il s’agisse d’apprécier plus finement l’importance des écosystèmes du bassin du Congo ou de révéler de nouvelles vulnérabilités, il faut impérativement mettre la science à la portée du public en vue d’une prise de décision politique éclairée.